Soumaila Cissé entre excès de confiance et de calcul : Les raisons objectives d’une défaite

La fièvre électorale passée, l’occasion est toute trouvée de faire une analyse la plus lucide possible sur l’issue de la présidentielle écoulée. Alors que beaucoup de Maliens voyaient Soumaila Cissé remporté le gain de la partie face au président sortant, le scénario de 2013 se reproduisit, avec seulement une différence de chiffres. Mais, à y analyser de près, le chef de file de l’Opposition républicaine aura récolté son impréparation pour la joute électorale et sa non-prise en compte du contexte socio-politique du Mali.

Dans le camp de l’Opposition républicaine, l’amertume de la déroute est grande. Cependant, l’équipe de campagne de Soumi champion devra faire son autocritique et poser le diagnostic, sans prendre en compte l’aspect purement politicien.

Tout d’abord, Soumaila Cissé aurait dû prendre en compte le très large score qu’IBK avait obtenu en 2013 face à lui. Un score qui prouvait que Soumi était loin d’être l’homme politique le plus populaire du Mali. Il devait alors se refaire une virginité politique, lui dont la réputation a été si souillée, très souvent à tort. Il avait cinq ans pour se faire. Hélas, Soumaila n’aura pas saisi cette chance en or qui lui était donnée, d’autant qu’entre temps, le statut du chef de file de l’Opposition républicaine fut adoptée, une première au Mali, et qu’il en fut l’incarnation.

C’était le lieu pour lui de prendre en compte le contexte socio-politique du Mali. Car dans une population à très grande majorité analphabète, les rapports chiffrés et détaillés sur, par exemple, le nombre de voyages qu’IBK a effectué ou, encore, la saisine de la Cour Suprême pour non-respect par l’Etat du quota genre dans la formation du gouvernement, sont des éléments incompréhensibles pour le Malien lambda. Le chef de file de l’Opposition, à l’instar de tous ses collègues, auraient dû parler le langage des « petites gens » en abordant des thèmes classiques, comme l’accès à l’eau ou encore la réduction des denrées de première nécessité et, surtout, comment y parvenir. Si ces thèmes ont été abordés, ils l’ont été que très peu. Et si l’opposition se plaint que son prêche soit tombé dans l’oreille d’un sourd à cause du musèlement des médias d’Etat par le pouvoir, pourquoi n’a-t-elle pas investi le terrain partout où elle aurait pu ?

Probablement que dans un pays du nord, la stratégie de l’opposition aurait fait mouche. Mais, dans un pays où ce sont les « petites gens » qui constituent l’essentiel de l’électorat, il aurait fallu, pour Soumaila et ses soutiens, être plus terre à terre. Aussi, sa timide activité au sein de l’hémicycle aura étonné plus d’un. Beaucoup de Maliens ont pensé qu’il pouvait infiniment mieux faire en tant que député.

Et le coup fatal qui tua dans l’œuf tout espoir de Soumaila de battre IBK fut, à n’en point douter, son ralliement avec le « chroniqueur-activiste » Ras Bath. A titre de rappel, il s’agit de celui-là même qui ne tari pas de blâmes et de réprimandes envers Soumi et aussi envers son directeur de campagne Tiébilé Dramé (ennemis du Mali, mauvaises graines,..). Par ce ralliement que d’aucuns ont qualifié d’ « indigne », Soumi aurait montré qu’il était prêt à tout pour accéder à Koulouba. Sans doute aveuglé par son ambition d’être président de la République du Mali, il n’a dû prendre en compte que la relative popularité de Ras Bath qui serait d’un très grand soutien lors de la présidentielle. Mais hélas, l’effet contraire se produisit. Et le fait qu’il ait pris ce dernier comme conseiller spécial dans son équipe de campagne alors que l’URD abonde d’autant de talents que d’intellects, a dû susciter beaucoup de frustrations dans les rangs de son parti. Autant d’ingrédients qui auront mis du plomb dans l’ail de Soumi et de l’opposition de manière générale.

Aujourd’hui, il devra éclaircir son positionnement politique ainsi que celui de son camp afin d’éviter de donner le tournis aux Maliens las des agitations de la classe politique.

A la lecture de ces faisceaux d’éléments, vous nous diriez certainement que la critique est aisée et que l’art est difficile. Mais quand on sait que ces erreurs ont été commises par Soumaila Cissé, brillant parmi les brillants et poids lourd de la classe politique, il y a de quoi s’étonner, non ?!

Ahmed M. Thiam

thiam@journalinfosept.com

 Inf@sept

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