Rentrée scolaire à Kidal : Le Gouverneur somme un ultimatum de 5 jours aux enseignants absents !

L’insécurité ? On s’en fout ! Les Enseignants affectés à Kidal n’ont qu’à rejoindre leurs postes avant la fin de ces cinq (5) jours pour reprendre leurs fonctions. Sinon, ils seront «considérés comme démissionnaires et verront leurs salaires suspendus». C’est du moins l’ultimatum donné par le Gouverneur de ladite Région, Sidi Mohamed Ag Ichrach. Un petit Gouverneur qui, jusque-là, lui-même sous la protection des mouvements rebelles; car, ni l’Administration ni l’Armée malienne ne sont encore à Kidal pour des raisons d’ordre sécuritaire.

Décidément, les autorités maliennes, plus précisément le Gouverneur de Kidal veut briser cette ancienne règle d’or en obligeant les Enseignants à retourner à Kidal sans la moindre garantie sécuritaire. Face aux actes de menaces et d’attentats terroristes à l’actif des bandits armés et des djihadistes qui continuent de faire des victimes, nos pauvres Enseignants, la craie dans la main, sont sommés de retourner dans les classes, en VIIIe Région administrative du pays. Cela, à leurs risques et périls ; donc, sans aucune garantie sécuritaire pour leurs vies. Ce, surtout quand on sait que Kidal est devenue, depuis plusieurs années, une zone de la mort pour les pauvres citoyens non armés.

En effet, selon une information relayée hier, jeudi 25 octobre, par nos confrères de la Radio France Internationale (RFI), le Gouverneur de Kidal insiste à ce que les professeurs rejoignent leurs postes. Selon notre Gouverneur, les Enseignants de la Région de Kidal, du Nord et du Centre du Mali, en général, ont jusqu’au 30 octobre pour regagner leurs Établissements. Ce délai passé, ils seront considérés comme démissionnaires et traités comme tels. En un mot, cela équivaut pour ces détenteurs de notre temple du savoir, à s’exposer à tous les risques et dangers de mort. Les Forces armées et de sécurité nationale n’y sont pas. Or, à longueur de journée, le Président IBK et ses tonitruants Ministres   crient sur tous les toits du Mali que nos FAMA montent en puissance. «Une Armée en puissance qui ne se déploie jamais pour défendre l’intégrité ou libérer son territoire tombé aux mains d’une poignée de bandits ? De grâce qu’on arrête de nous tympaniser », s’est emporté un Enseignant réfugié ici à Bamako. Il suffit juste de garantir la sécurité des Enseignants pour qu’ils y retournent. Car, le Nord est une zone   d’enlèvements, d’attaques, d’assassinats et de tous les dangers de mort. Donc, le Gouverneur ne crée pas une situation dans la clarté. Cela, même si le PM, Soumeylou Boubèye Maïga, était le 1eroctobre dernier, Mopti, pour faire semblant d’officialiser la rentrée scolaire dans la Région où près de deux millions d’enfants sont empêchés depuis 2013 d’aller à l’école. À vrai dire, ce n’est pas à Kidal seule ; la rentrée n’est jusque-là pas effective sur l’ensemble du territoire national.

En plus de la grève illimitée de l’association des promoteurs des établissements secondaires privés qui prend en otage l’éducation avec plus de 70% des lycéens depuis le 1eroctobre, jour de la rentrée, dans l’ensemble des Régions du Centre et du Nord du pays (principalement à Mopti et Kidal), il y a plus de 750 écoles, selon le dernier Rapport trimestriel de l’ONU, qui restent fermées malgré tous les chantages du Président IBK et de son Gouvernement. Donc, qu’est-ce qui pousserait ce petit Gouverneur nommé Sidi Mohamed Ag Ichrach à vouloir obliger les Enseignants à revenir dans les classes où il n’y a pas de sécurité ? « Ceux qui refusent de déménager n’ont qu’à demander une mutation. Si au 30 octobre ils n’ont pas regagné leurs postes, ils seront considérés comme démissionnaires, et verront leurs salaires suspendus », a-t-il averti sur les antennes de RFI, ce Gouverneur-là, qui assure sa sécurité elle-même ? Pourquoi son équipe n’y est-elle pas sur place? Et non plus, l’Armée, la Sécurité et l’Administration malienne ?

Environ 460 Enseignants affectés dans ladite Région pour cette année scolaire, seule une trentaine (soit moins de 10%) ont regagné les salles de classe depuis le 1eroctobre dernier à Kidal. Mais ils ne sont pas les seuls ; car,   la moitié des Directeurs Techniques nommés à Kidal sont eux aussi encore à Bamako. « Preuve pour les Enseignants que la sécurité n’est pas revenue et qu’on ne peut rien exiger d’eux » poursuit la RFI avant de relayer les réactions d’un des désormais avertis de l’ultimatum. «Nous ne pouvons pas reprendre nos fonctions tant que l’Administration et l’Armée ne sont pas présentes dans la Région», a eu à réagir un Représentant du Collectif des syndicats de l’éducation des Régions du Nord.

En invitant les Enseignants à plus de vigilance, qu’ils se rappellent que le grand roi Kaya Maghan Kéïta ne s’y est aussi rendu qu’une seule fois, de 2013 à nos jours. Il avait même déclaré qu’aucune «fanfaronnade» ne lui ferait partir à Kidal.

Seydou Konaté 

LE COMBAT

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