Politique : UMA au Haut Conseil Islamique

Ouestafnews – A deux mois de l’élection présidentielle au Mali prévue en juillet 2018, le doute plane toujours sur la possibilité d’une tenue effective du scrutin. Selon des observateurs, il serait difficile  de tenir un scrutin présidentiel dans ce pays, confronté à une crise sécuritaire depuis 2012.  

Sur le terrain, l’euphorie a fini de gagner les Etats-majors des principales formations politiques. Une dizaine de leaders ont déjà déclaré leur intention de se présenter à ce scrutin dont le premier tour est prévu, le 29 juillet 2018.

L’élection qui se déroule dans un contexte sécuritaire tendu, devra déboucher soit sur la réélection, soit sur la succession de l’actuel chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita, arrivé au pouvoir en 2013. Elle s’annonce très ouverte selon les observateurs, dont les réserves contrastent avec l’enthousiasme affiché par les politiques.

Depuis le putsch ayant renversé le président Amadou Toumani Touré en mars 2012, le Mali a connu diverses fortunes, dont l’occupation des principales localités au nord du pays par des groupes armés islamistes de juin 2012 à janvier 2013. Depuis, l’Etat central peine à y ramener la paix définitive, la stabilité et son autorité.

Au problème sécuritaire, s’ajoutent aussi les difficultés techniques liées à l’organisation du vote.

«Il y a un doute qui plane sur la tenue de l’élection, malgré la claire volonté du gouvernement malien de l’organiser», explique le journaliste David Dembélé, interrogé par Ouestafnews.

«Les cartes d’électeur ne sont pas encore disponibles. La question de l’identification des électeurs n’est pas encore résolue, de même que la question du financement de l’élection», déplore M. Dembelé, du journal en ligne Dépêches du Mali.

«L’administration a donc à distribuer en un mois, des cartes d’électeurs biométriques sur une étendue du territoire (estimé à plus d’un million km2), dont la moitié est inaccessible du fait de l’insécurité. Il s’agit presque d’un défi herculéen », déclare de son côté, Alexis Kalambry, directeur de publication du quotidien Les Echos.

Et pour que le nouveau président ait toute la légitimité, «il faut que les Maliens du Centre, du Nord et des camps votent. Et cela n’est pas encore gagné», a expliqué Alexis Kalambry.

Depuis l’éclatement de la crise sécuritaire en 2012, 189.277 Maliens ont fui leurs localités d’origine et se retrouvent dans des camps de réfugiés dans les pays voisins.

Au total, 130.277 maliens se sont réfugiés au Niger et au Burkina, d’après l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) a lui répertorié 59.000 maliens déplacés internes.

La distribution des cartes ne sera pas tâche facile et les autorités l’appréhendent déjà.

En conférence de presse, le 17 mai 2018, le secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale, Baba Hamane Maïga, a déclaré que «les cartes électorales biométriques seront à Bamako, début juin mais le plus difficile» reste leur distribution.

Le gouvernement a attribué le marché de la confection des cartes d’électeurs biométrique à l’imprimerie nationale de France en mai 2018. Le contrat prévoit la confection de 8 millions de cartes d’électeur.

Selon les estimations, les cartes biométriques vont coûter environ 10,5 millions d’euros (en se fondant sur 1,50 euro par carte, pour sept millions d’électeurs).

«Les obstacles à franchir pour tenir les élections le 29 juillet sont nombreux. Parmi ces obstacles, beaucoup ne dépendant ni de l’Etat, ni de la classe politique», explique M. M. Kalambry.

Sécurisation du vote

De son côté le gouvernement tente de donner de rassurer les plus populations. «Nous avons mis en place une commission nationale de sécurisation des élections qui comprend l’armée, les forces de sécurité intérieure et nos partenaires», a déclaré le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré, en conférence de presse le 17 mai 2018.

Selon M. Traoré, les moyens que le gouvernement a dégagés «peuvent permettre de tenir ces élections dans les conditions largement acceptables».

En janvier 2018, lors d’une visite à l’intérieur du pays, le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga, avait annoncé le lancement d’une « vaste opération » pour sécuriser le centre du pays sans trop en préciser les contours.

«Les opérations de sécurisation du territoire ont commencé, elles vont se poursuivre. Nous mettrons les moyens qu’il faut», a-t-il assuré, cité par l’Agence France Presse.

Pour le chercheur à l’Institut d’étude de sécurité (ISS), Baba Dakono,  le grand défi dans l’organisation de ce scrutin,  au-delà des questions sécuritaires, sera « la question logistique».

«Aujourd’hui, est-ce que le gouvernement malien a tous les moyens logistiques pour rallier toutes les différentes localités pour l’organisation du scrutin ? Je pense que non», a-t-il confié à Ouestaf News.

L’ancien ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales, Ousmane Sy, dans une interview avec Le Monde Afrique, indiquait que le Mali est « en train d’aller à une élection dans un pays où les conditions sont pires qu’en 2013 ».

Pour cet ex-secrétaire général de à la présidence estime que très peu de localités réunissent «les conditions de réalisation du scrutin sont réunies en termes de logistique, de maîtrise du territoire par l’administration, pour que les gens puissent battre campagne et acheminer le matériel électoral».

Situation d’insécurité…

L’autre sérieuse menace à la tenue du scrutin reste les attaques des groupes terroristes, toujours actifs dans plusieurs parties du Pays. Le 26 mai 2018, une attaque de présumés «djihadistes» a été perpétrée dans le nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne, faisant une vingtaine de morts.

Selon Baba Dakono, l’insécurité prévaut toujours au nord comme au centre du pays.

«Il est difficile de croire que d’ici le 29 juillet, on serait dans une situation sécuritaire qui permettrait l’organisation un scrutin présidentiel sur tout l’étendue du territoire sans incident», a-t-il expliqué.

Selon Le Monde Afrique, une centaine de personnes, dont des civils, appartenant aux communautés peul et touareg ont péri ces derniers mois dans cette région à la suite d’attaques de groupes armés.

En outre, le Comité international de la Croix-Rouge a relevé, le 4 mai 2018 que dans certaines zones les violences intercommunautaires «ne sont pas rares» à cette période « en raison des aléas climatiques qui rendent difficiles l’accès à l’eau et au pâturage».

Toutefois, le chercheur de l’ISS Baba Danoko rappelle qu’en 2013, le Mali a organisé une élection présidentielle dans des conditions sécuritaires difficiles.   Mais note-t-il, actuellement il n’y pas actuellement une «garantie sécuritaire dans la mesure où la menace terroriste est une guerre sournoise, insidieuse».

ON/ad

Source: ouestaf.com

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