Mossa Ag Attaher de la CMA à propos de la révision constitutionnelle : « Elle est nécessaire pour répondre à la demande sociale des populations »

Mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, l’intégration des ex-combattants dans l’armée régalienne, son retour au sein du CSA et le projet de révision constitutionnelle en cours au Mali, Moussa Ag ATTAHER dans une interview revient sur les grands dossiers de l’Etat et invite à conjuguer les efforts pour le Mali dans le respect de la diversité du pays.

L’OBSERVATOIRE : Parlez-nous de votre retour au Mali et de votre nomination au sein de du CSA…

Moussa Ag ATTAHER : Je ne suis pas de retour comme certaines personnes l’entendent, je ne débarque pas non plus en terrain inconnu car, je suis acteur de ce processus depuis 2011.

Je suis arrivé au CSA à la demande du président de la CMA, lequel a souhaité depuis bien avant la mise en place du CSA, un bureau permanent de la CMA à Bamako pour coordonner toutes les actions qui sont d’ordre à engager la CMA conformément à ses engagements avec l’Etat du Mali, la communauté internationale et à sa lutte politique. J’ai même séjourné à deux reprises à Bamako, sur invitation du président de la CMA d’alors en 2016 et 2017 pour une prise de contacts dans ce sens avec les autorités en charge du dossier notamment le ministre de la Réconciliation, celui de la Défense, de la Sécurité, les membres du CSA, mais également avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.

J’inscris à ce titre ma participation au CSA, dans le cadre global de la volonté de la CMA de renforcer sa délégation au sein des instances dans le processus général  et plus précisément au niveau du CSA.

Quelle lecture faites-vous de la situation, depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ?

L’accord de paix a connu énormément de retard dans sa mise en œuvre qui devrait être terminée depuis deux ans mais malheureusement quatre ans après sa signature ces points essentiels ne sont pas encore épuisés. La responsabilité de ce retard est partagée, et entre-temps une dynamique d’accélération de la mise en œuvre de l’accord est à présent enclenchée.

Depuis l’avènement des dernières élections présidentielles, suite à la réélection du président IBK à la tête de la magistrature suprême, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga en homme de dialogue affiche une réelle volonté d’aller de l’avant et une grande capacité à trouver des compromis.

Je constate avec satisfaction des dispositions positives prises par lui pour trouver des consensus allant dans le sens d’accélérer l’Accord. Ce qui permettra de solutionner les points de désaccords qui plombent le système, car autant nous devons user entièrement de notre droit à la critique, autant nous sommes capables de reconnaitre aussi sans détour la  bonne foi de ceux qui sont dans des dispositions de faire avancer les choses.

Vous êtes depuis deux mois vice-président de la délégation de la CMA au niveau du CSA. Comment comptez-vous prendre le train du processus de paix et de réconciliation déjà enclenché ?

 

Nous prenons chacun le train en marche un jour quelque part pour la simple raison que nul n’est indispensable et le monde ne doit jamais s’arrêter. (Rires)

Nous sommes à une période cruciale de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation : c’est l’étape où tous les acteurs toutes les tendances confondues doivent donner la priorité à la force de proposition capable de nous permettre d’affronter positivement les échéances du moment. Il y a déjà une forte pression sur toutes les parties (le Gouvernement, les mouvements signataires, la médiation, la Minusma, le CSA) pour qu’au plus tard en milieu d’année 2019, nous ayons mis en œuvre l’essentiel des points prioritaires de l’accord. C’est pour vous dire que la contribution de la CMA à travers ma modeste participation aux cotés de mes camarades de la délégation de la CMA, consistera à être une source de proposition tirée de l’Accord, mais en adéquation bien entendu  avec les exigences du moment.

Il nous est revenu que suite aux visites médicales à l’endroit des éléments de la CMA au Moc, un grand nombre a été déclaré inapte. Depuis, un climat de méfiance et d’inquiétudes se serait installé chez les éléments concernés. Quelle réponse la CMA réserve-t-elle à ce cas ?

Il est clair que comparativement au nombre de 1600 éléments du Moc quand on déclare 400 inaptes au sein de ces effectifs, la question a tout son sens d’être posée. Face aux préoccupations, interrogations, parfois même les colères exprimées par les éléments concernés, nous ne pouvons pas rester indifférents en tant que représentant de la CMA au CSA. Et quand nous avons eu connaissance des résultats médicaux, nous avons immédiatement-après concertations- pris attache non seulement avec le gouvernement, mais aussi avec les structures chargées de la conduite de ce processus, en l’occurrence la commission(DDR) et intégration. Ce qui d’ailleurs, nous a permis de trouver très rapidement un consensus pour l’organisation d’une contre-expertise médicale transparente dont le déroulement se fera avec la participation de tous les acteurs concernés.

 

Quelle lecture faites-vous du projet de la révisons constitutionnelle en cours ?

Je tiens à faire une mise au point importante à ce sujet : la révision constitutionnelle bien que nécessaire pour prendre en compte certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali n’est pas que l’exigence des seuls mouvements. Une administration, ici au Mali ou ailleurs, à un certain moment, a besoin d’audit, de bilan et de plan pour se conformer aux défis.

Je crois qu’autant cette révision est nécessaire pour mettre en conformité les engagements du gouvernement du Mali avec l’accord, autant elle est nécessaire pour répondre à la demande sociale des populations maliennes en général, clairement exprimées à travers les différentes tentatives de révision de la constitution de 1992 à nos jours.

Je profite de l’occasion, et à travers ce rappel, pour inviter tous les acteurs politiques du Nord comme du Sud, les leaders de la société civile et ceux des confessions religieuses à dépassionner le débat, afin de parvenir à l’essentiel. Toujours, est-il que la future constitution n’aura majoritairement l’adhésion de la population que quand elle aura pris en compte dans sa nouvelle formule les réalités du pays dans sa diversité et l’impérieuse nécessité de représentativité de l’ensemble de la population dans les institutions de l’Etat.

Votre dernier mot monsieur le vice-président

Face aux échéances déterminantes qui nous attendent et qui sont cruciales pour l’avenir commun, capitalisons nos énergies et nos forces en les mettant au service de la paix et de la réconciliation dans le respect de notre diversité plurielles, tout le reste est une perte de temps. C’est à ce prix que nous donnerons le visage de l’espoir et du vivre ensemble à nos populations.

La Rédaction

Source: L’Observatoire

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