Marketing politique en action : De quoi le PM Soumeylou Boubèye Maïga a-t-il peur ?

«On n’est pas aussi impressionné que ça…», riposte le Premier Ministre Soumeylou Boubèye  Maïga,le 10 février dernier, en réponse au message du Cherif de Nioro qui exigeait sa démission du Gouvernement lors de la prière des fidèles musulmans, organisé par Mahmoud Dicko, au Stade 26 Mars. Ce jour-là, on a vu, de fait, un Homme qui semble être serein autant  qu’il est transgressif au lieu d’être tout simplement sobre. De toute évidence, il a perdu une occasion de se taire ; car, selon un adage : « Qui sème le silence récolte la paix ».  Depuis, « Le Hérisson » est devenu un produit que l’on cherche à vendre. Comment expliquer cette réaction de panique ? La délicatesse ne serait-elle pas de savoir raison garder ? 

Construire l’image de la personnalité du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga est  la nouvelle stratégie de son clan. Un hasard ? Pas sûr !

Depuis la sortie des leaders religieux,  des articles bien accommodés et ensuite  monnayés se retrouvent  dans les colonnes des journaux,  pleuvent sur la toile passant par des revues de Presse sur les ondes des radios, en plus des vidéos de propagande sur les réseaux sociaux. Pourquoi se sent-il obligé d’en passer par tout ça et, ce, malgré son indifférence au meeting des musulmans?

En fait, depuis l’arrivée de Boubèye à la Primature, tantôt « Le Tigre », tantôt « Le Hérisson »,  il s’est donné la mission de durcir le Régime par des méthodes pas très catholiques. Ainsi, il est même arrivé que le fistonnationalKarim Kéïta le surnomme avec fierté dans l’hémicycle le « Tigre ».

À cet effet, les marches pacifiques de l’opposition sont réprimées et souvent soldées par des blessés, des arrestations arbitraires. Plus grave, nous avons assisté à des détentions illégales de plusieurs hommes politiques de l’opposition. Bref, la violence physique, la contrainte et la crainte sont dès alors les armes utilisées par le Pouvoir pour contrer toute forme d’opposition.

Par conséquent,  au fil du temps, certaines personnes ont vu, dans cette posture du PM, le marqueur plausible d’un retour à l’autoritarisme. L’opposition l’a même affirmé.

Mais, malgré des durcissements de façade, le Gouvernement poursuit de plus belle la corruption, les pratiques discriminantes dignes d’un régime dictatorial. Chaque jour, l’incapacité de nos hommes de tenues à sécuriser les populations maliennes est démontrée.

De déception en déception, les Maliens impuissants devant les faits accomplis ne font que subir le terrorisme, la violence et la déchéance économique. Les désillusions se sont accumulées au sein des populations. Ceux mêmes qui avaient porté leur espoir sur le candidat IBK la première fois à savoir le Cherif de Nioro et Mahmoud Dicko ont été déçus sur tous les points. Donc, ils estiment être tous, d’une manière ou autre Responsables des maux dont souffrent les Maliens par la faute du Gouvernement, car sans leur participation en 2013, IBK ne serait pas à Koulouba.

Une battue organisée pour capturer le Tigre ?

Pour tous ceux qui connaissent le Tigre, c’est un animal dangereux, cruel. Une caractéristique qui colle parfaitement à la peau et à la personnalité de l’Homme Soumeylou Boubèye Maïga. Sur BFM TV, un vétérinaire, Florence Olivet-Courtois, expliquera qu’il ne faut jamais courir devant un Tigre sinon il aura le réflexe de poursuivre. Plus encore, de ne pas surtout lui tourner le dos. Pourtant, c’est justement ce que l’Honorable  Soumaïla Cissé et l’opposition ont fait.

Il faut toujours lui faire face

Selon ce même vétérinaire, si jamais le Tigre se trouve à une distance très proche, mieux vaut jouer des deux atouts de l’Homme : la voix et la verticalité. Il faut, donc, crier et rester debout pour lui faire peur, le mieux est de pouvoir s’adosser à un mur.

Là, Dicko a bien compris, il reste debout, face au Tigre, sa voix est portée jusqu’à Koulouba et le mur auquel il s’est appuyé n’est autre que « La Force Tranquille », le grand Cherif de Nioro.

L’animal est-il « mort de trouille »?

En tout état de cause, si  l’hypothèse de Frédéric Edelstein, dresseur de fauves, au cirque sur BFM, est bonne, étant sorti de son enclos, « le pauvre tigre a plus peur qu’autre chose ». Il doit essayer de se cacher pour s’éloigner du bruit…

Apparemment, notre  « Tigre Malien » doit être dans une position de faiblesse. IBK représente son principal soutien. Or, tôt ou tard, son Président devrait faire face à un choix cornélien.

La raison pour laquelle il  aurait peur est toute simple. Dans les faits, en apparence, il se considère comme fort et intouchable pour la seule raison qu’il est dans l’enclos du Gouvernement. Mais, en même temps, il craint un revirement de situation. Connaissant IBK pour être le champion en promesses non tenues, ce qui est de même à l’origine de plusieurs conflits entre lui et ses alliés d’hier, le Tigre ne dort que  d’un œil. Qui sait ? IBK pourrait larguer son dauphin prétextant consolider ainsi la paix dans le pays. La preuve, vendredi dernier, jubilant, il a confirmé devant la caméra de l’ORTM son coup de fil à « son frère » Soumaïla Cissé. Et ça, ça fait peur au Tigre. Le fait de se retrouver  hors de son enclos. Étant donné qu’il pourrait avoir plus d’une tour dans son sac, attendons de voir.

« Le Hérisson »

Lui-même s’est attribué ce nom « Hérisson ». Encore, cela aussi ne vient pas de nous. «Personne n’a jamais vu le chien mordre le hérisson ! Quand le hérisson passe, le chien aboie beaucoup, mais il n’a jamais pu le mordre», Soumeylou Boubèye Maïga, lors du 2Congrès ordinaire de l’ASMA-CFP.

Effectivement, il est avéré que le chien devant un hérisson roulé en boule préfère passer sa route et trouver une proie plus facile. Mais un chien bien nourri est plus patient ; car, il n’est pas pressé par la faim. Il arrive de cette façon que le chien blesse ou tue le hérisson, plus par jeu que par appétit même s’il se retrouve ensuite la truffe pleine de piques. De fait, le Président du parti RPM, Dr Bocary Tréta, non moins Président de la Convention de la majorité présidentielle (CMP) joue très bien son rôle de conciliation. Apparemment, il est patient. Aujourd’hui, il est plus écouté et adroit contrairement au Tigre, le Chef du Gouvernement. « Qui cherche bien la paix obtient la paix », dit un dicton Thaïlandais. Pour l’apaisement social et pour que notre pays ne sombre pas dans l’abîme, rien n’est plus beau que de voir la main de l’opposition dans celle de la majorité !

Qui peut dire que le meeting de Mahmoud Dicko n’a pas eu d’effets ?

En tout cas, IBK, lui a compris. En premier lieu, il appelle son frère Soumaïla Cissé et hier dimanche il rencontre ses alliés de l’EPM pour les galvaniser tout en prônant l’entente entre eux. C’est après cela que l’on a aperçu sur les réseaux sociaux une photo où le Président du RPM tient la main de Chef du Gouvernement. Finalement, ne sont-ils pas du même bord politique, même s’ils se bouffent le nez entre eux ?

Espérons que le Tigre ou le Hérisson, qu’importe, se dégonfle pour le bien de tous les Maliens. En réalité, là où nous en sommes, nous n’avons pas besoin de choisir un camp, nous ne voulons qu’une seule et unique chose : « LA PAIX ». Et IBK est le seul à pouvoir gérer cette crise politique.

Neimatou Naillé Coulibaly

Le Combat

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