Mali : les surveillants de prison en grève

La Section Syndicale des Surveillants de Prisons (SSSP) prévoit d’aller en grève de 120 h à partir du 4 mars prochain. À son ordre du jour, trois points majeurs, qui se résument à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

C’est donc décidé, à partir du lundi 4 mars, si rien n’est fait pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, les surveillants de prisons entendent déserter leurs postes dans toutes les prisons du  pays. C’est la décision du Syndicat des surveillants de prison. Les agents de l’administration pénitentiaire sont en colère. Ils dénoncent leurs mauvaises conditions de travail et réclament notamment des primes et indemnités et des moyens, tels que des armes, ou des dotations en tenues correctes. Pour le Lieutenant Daouda Konaté, la situation des gardiens de prison est grave. « Nous sommes marginalisés et aucune mesure d’accompagnement n’a jamais suivie les lois prises nous concernant depuis l’après révolution de 1991. En plus de cela, nous sommes sous-équipés et laissés pour compte. En 2014, quand Mohamed Ali Ag Wadossene tuait notre confrère Kola Sofara lors de son évasion, nous n’avions pas 5 armes fonctionnelles. Aujourd’hui encore nous travaillons dans le risque. Cela ne doit pas continuer ».

Trois points à l’ordre du jour

La grève à venir de 120 heures tourne principalement autour de trois point : l’adoption des deux décrets relatifs aux primes et indemnités à allouer aux fonctionnaires du cadre de la surveillance des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée ; l’application intégrale de la loi n°2016-031 du 7 juillet 2016 portant Statut des fonctionnaires du cadre des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée et le rattachement des fonctionnaires du cadre de la surveillance des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée au ministère de la Sécurité et de la Protection civile. En effet, nous confie-t-on en coulisses, les surveillants de prison sont rattachés au ministère de la Justice, qui ne se préoccupe point de leurs conditions. « Nous nous demandons si nous sommes vraiment des porteurs d’uniforme. Si c’est le cas, pourquoi on ne nous rattache pas simplement au ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, vu que c’est le travail que nous faisons ?».

Lors de leur grève, les surveillants de prison décideront de règles strictes qui obligeront certainement les décideurs de donner suite à leurs doléances. Il y aura, selon eux, un coup de frein à l’extraction des détenus des prisons pour comparution devant le juge, à l’emprisonnement de nouveaux détenus, aux visites des parents aux détenus et à l’introduction de repas en prison pour ces derniers à des heures précises et non continuelles de la journée. Venue apporter le repas de son frère ainé, Korotoumou, la trentaine, est dans le rang depuis plus de 40 mn. Exaspérée, elle s’adresse à nous. « Déjà qu’il est permis d’apporter le repas à toutes les heures de la journée, regardez le rang et combien de temps cela prend. S’il y a grève et qu’on ne peut pas apporter de repas aux prisonniers, il faut dire que certains d’entre eux vont mourir. Le gouvernement doit revoir les conditions des surveillants, sinon, rien ne va ». Et une vieille femme de nous interpeller : « Ils ne font rien de bon, IBK et ses compagnons. Un jour, l’histoire les rattrapera. Dieu ne dort pas. Il est seulement patient. Sinon, il y a quelques années, le gardien qui est mort, il n’avait rien fait de mal. Il parait qu’il n’avait même pas d’arme pour se défendre ».

La grève des surveillants de prison sera certes lourde de conséquences. Si l’on en croit les informations, celle de Bamako, initialement prévue pour 400 prisonniers, regorge aujourd’hui de plus de 2000 et, quand les conditions ne sont plus bonnes, il y a un risque d’évasion des grands bandits, des criminels et autres grands reclus de la société, qui seront dans la rue. Ce qui n’arrange pas le pays, déjà en grande insécurité. Cela veut dire que l’État doit revoir sa position et faire appel à ces hommes pour des discussions franches et fructueuses.

Nordsudjournal

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