IBK et les religieux qui est responsable du divorce ?

L’une des valeurs de la République laïque est la neutralité du pouvoir politique qui reconnait ses limites en s’abstenant de toute ingérence dans le domaine spirituel ou religieux. IBK n’a-t-il pas violé cette valeur lorsqu’il est parti s’apitoyer sur son sort chez le chérif de Nioro.  Qui est responsable du divorce ?

Depuis le rassemblement des musulmans au stade du 26 mars, la polémique autour de l’ingérence des religieux dans la sphère politique ne fait que s’enflammer. Tous les Maliens en parlent. Mais lorsque l’un des principaux acteurs de ce regroupement musulman, à savoir le chérif de Nioro, dévoile sa relation et les raisons de son implication dans la politique, il y a, nous semble t-il, matière à réflexion.  Qui est responsable du divorce ?

En effet, dans une interview accordée, en mars 2018 au journal ‘’l’Enquêteur’’, Mohamoud Dicko, interrogé sur l’immixtion du religieux dans la politique, a été  clair et tranchant, dans sa réponse : « Je pense réellement que ce que les gens dénoncent comme étant l’immixtion des religieux dans la sphère politique, les religieux pensent dire le contraire. Les politiciens s’immiscent aussi dans notre champ. Aujourd’hui, personne n’est neutre, aussi bien les religieux que les politiciens ; chacun rentre dans le domaine de l’autre. Les politiciens, chaque fois qu’il y’a élection, ce sont eux qui rentrent dans notre domaine. Ils vont aller voir les marabouts, les chefs de religieux, mais ils ne sont jamais restés chez eux pour dire qu’ils n’ont rien à voir avec nous ; ce sont eux qui ont commencé à nous démarcher… ». Il continue en revendiquant son droit de citoyenneté avec sobriété : « je suis un citoyen libre, je critique et j’accepte aussi que les gens me critiquent, parce que je suis pas détenteur absolu de la vérité… ». Il faut que nos politiques acceptent aussi d’être critiqués. Peuvent-ils s’arroger le droit en disant qu’ils sont les seuls habilités à parler du Mali ? Qu’ils sont les seuls à conduire le Mali ?

Après les révélations des uns et des autres, tout devient limpide. IBK est seul le responsable de cette situation. Il est irréel d’impliquer à ce point les religieux dans la conquête du pouvoir pour arriver à bon port et leur demander après de rester en marge de la politique.  Depuis l’avènement de la démocratie jusqu’en 2013, aucun candidat à la présidentielle au Mali n’a autant utilisé les religieux à des fins politique qu’IBK. Comment aujourd’hui IBK croit-il se débarrasser facilement de ces personnes ? Lui, qui en 2012, était politiquement et financièrement à terre pour suivre le rythme de la compétition. Il a fallu l’argent et l’influence du chérif de Nioro et surtout de l’imam DICKO pour le faire sortir de sa déconfiture.  Nul, de bonne foi, ne peut  nier que sans ces supports de grande taille, IBK n’aurait pas pu surmonter les nombreuses barrières à son accession au pouvoir. La grosse erreur du président IBK  à été, de tout accepter avec eux notamment le mémorandum de l’association des jeunes musulmans du Mali pour devenir président de la République.

C’est la raison pour la quelle le meeting des religieux du 10 août 2019 a rassemblé plus de 100 milles fidèles venus de toutes les régions du Mali. Presque déjà le samedi, au environ de 17 heures les gradins du Stade du 26 Mars étaient  à moitié occupés. Cette situation présageait déjà de  l’atmosphère qui allait régner le dimanche à 10 heures au Stade du 26 Mars. Ceux qui ont fait le déplacement n’ont pas regretté leur acte, car, une fois de plus la mal gouvernance a été décriée de vive  voix et un ultimatum a été adressé  à l’endroit du Président IBK  pour qu’il change  la façon de gouverner le Mali. Car selon Bouyé il faut: « Avertir ton frère trois fois avant de lui déclarer la guerre ». Cette sagesse longtemps enseignée dans les milieux religieux semble désormais la démarche empruntée et épuisée par Bouyé et l’imam DICKO. A travers ce meeting, l’Imam Mahmoud DICKO est devenu le leader de la contestation des actes irresponsables posés par le régime et qui ne sont pas prêts de cesser. Disons que la majorité des maliens soutient ces dénonciations à l’encontre de la mal gouvernance érigé en mode de gestion depuis 2013.

    Seydou Diarra

Source: Le Carréfour

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