Grand reportage: la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako

DROITS DE L’HOMME BAFOUES  A LA MAISON D’ARRET

Faut-il ramener les surveillants de prison à l’école afin de leurs inculqués les notions de Droits de l’homme ?
En visitant la maison d’arrêt et de correction de Bamako, on se demanderait si les 3 R de la prison sont connus des autorités pénitenciers, il  s’agit pour rappel de la Répression, de la Rééducation et de la Réinsertion.

De ces trois (03) R, rien ne laisse supposer l’existence entre ces quatre murs que constitue la Maison d’Arrêt où même les libertés des détenus ne sont pas restreintes.

Une seule chose peut être constatée, c’est l’existence d’un marché d’objets artisanaux comme des chapelets faits de noix de dattes, des bracelets et bagues en cuivre, des chaussures en matériaux recyclés etc…..

Nous approchant d’un détenu de droit commun, qui selon sa version des faits «  je ne suis pas là pour avoir volé, violé ou tué, je suis là par la volonté de Dieu suite à un accident de circulation ou le véhicule a été endommagé…… », « ….. Regardez celui-là par exemple, il est ici sans savoir pourquoi ? Le Procureur l’a mis sous mandat de dépôt depuis plus de trois mois sans jugement….  », YARO,  c’est son nom continue  « ….il y a ici des gens qui sont fous, d’autres surmenés, d’autres ont purgé leur peine mais ne veulent toujours pas quitté au vu de ce qu’ils gagnent dans la vente de drogue et autre basse besogne…., la prison est devenue une ville, nous sommes plus de trois milliers ici, Moi je connais beaucoup d’anciens et des nouveaux arrivants car sans mon assistance beaucoup ne verront pas leur parent ».

A la question de savoir si son assistance est payant YARO nous confie « …bien sûr, moi je ne vole pas même quand je suis au dehors je ne vole pas, mais quand j’ai envie de manger la viande même si je ne te connais pas si tu as un chien à coté,  je viens te saluer et ce dernier me suit… ici il y a des gens qui volent, d’autres font des basses besognes…..  Ils font rentrer de la drogue ou des comprimés et même de l’alcool mais moi je me limite à aller appeler le détenu pour son parent qui me donne quelque chose que je partage souvent avec le surveillant du jour…., chaque surveillant à ses gars, comme vous le constater je suis bon donc je suis là quel que soit le surveillant du jour… »

YARO semble être traumatisé par sa détention mais une chose est  à constater il n’a pas perdu son sens de l’humour. Il sait et analyse ce qui se passe dans son entourage. « Nous ici, si tu viens et que tu penses être fort ou intelligent on t’observe car nous sommes les maitres ici, les surveillants ne peuvent rien contre nous, … tu n’as pas vu tout à l’heure quand la dame a été attrapé avec la drogue, c’est nous qui avons décrété l’arrêt et la cessation des visites  et c’est nous qui avons ordonné la reprise rajoute YARO.

Ici à la prison chacun a son empire, sa zone et son domaine. Nous autres nous respectons car on sait qui est qui…..

Il est facile de dénombrer au moins un millier de personnes à  travers les vas et viens.

YARO ne se fait pas prier pour nous informer sur les conditions de détention qu’il trouve nulles, en plus de la pléthore de détenus, YARO se plaint de l’insalubrité et surtout du traitement en matière de nourriture.

En ce qui concerne l’insalubrité, même à l’œil nu, il est facile de savoir que les conditions ne sont pas du tout satisfaisantes, il ne s’agit pas de loger les détenus dans le paradis mais de leur garantir le minimum de salubrité environnementale. On se posera la question à savoir si les autorités pénitenciers effectuent des visitent fréquentes dans cet établissement.

En plus du caractère dégradé des locaux, on constate un peu partout des tasses enveloppées dans de vieux foulards sales par ci, des vieilles chaises par-là, des tas de gravats partout.

Sous la case de visite en tôles, aucune  condition, les ventilateurs endommagés ne fonctionnent pas, une chaleur insupportable ; les sièges sont insuffisants et les détenus maitres des lieux n’hésitent pas à chasser comme des vulgaires personnes les visiteurs sous prétextes qu’ils en ont marre.

La question que nous nous posons est de savoir à quand le désengorgement de la Maison d’arrêt ?

Il sera mieux d’envoyer certains détenus déjà jugés dans des centres de détention à l’intérieur du pays en attendant leur libération et la construction d’une prison digne de nos jours.

Il est aussi préférable que les autorités judiciaires se penchent un peu sur les cas de détenus non jugés qui peuplent cet espace de Répression, de Rééducation et de Réinsertion sociale de nos compatriotes de droits communs.

Hamidou El Hadji TOURE

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