Situé dans l’inter-fleuve, l’arrondissement de Sy est laissé pour compte depuis plusieurs années. En manque de toute autorité légale, les chasseurs de la zone ont pris la responsabilité de défendre la localité. Depuis “l’abandon” de la localité par les autorités administratives et les forces de sécurité, ce sont les chasseurs traditionnels, en plus de “sécuriser” les personnes et leurs biens, qui assurent la justice traditionnelle dans les trois communes de l’arrondissement de Sy. “Dans l’accomplissement de leur mission de défense des populations et leurs biens, il arrive que les donzos prononcent des sentences pour réparer des infractions”, nous a confié un habitant de Sy.
Les héros de la population
Bien que des dérives soient constatées et reconnues par les populations, le travail des chasseurs traditionnels dans la localité est apprécié par les populations. Au sein de la communauté, les efforts des “donzo” pour maintenir la sécurité et la quiétude sont vivement salués. “Depuis notre abandon par l’Etat, n’eut été le courage des chasseurs, on n’en serait pas là aujourd’hui. Sans eux, les djihadistes auront fait de notre zone ce qu’ils voulaient”, a déploré Seydou Boité, porte-parole du chef de village.
Leur courage est reconnu par la plupart des populations et leur héroïsme est annoncé à chaque occasion. “Les donzo de la zone se sont organisé pour sécuriser les populations à l’arrivée des djihadistes. Il peut y avoir de dérapage dans l’exécution de leur mission de sécurisation, mais en toute sincérité grâce à eux aujourd’hui la population a pu avoir de la quiétude”, témoigne El Hadj Bakary Bibi KOTE, ancien député de San, résident à Sy. Et d’ajouter que ce sont “les chasseurs qui ont sécurisé, lors de la dernière présidentielle, les différents bureaux de vote dans la circonscription de Sy et acheminé les résultats jusqu’à San”.
La souffrance des municipalités
Les conséquences de l’absence de l’Etat sont dramatiques sur le développement de la localité. “L’absence des autorités administratives est aujourd’hui un handicap pour le développement de la zone. Il faut reconnaitre que le fonctionnement des trois communes composantes de l’arrondissement de Sy (les communes de Sy, Siadougou et Wôlon) est arrêté. Les trois communes de l’arrondissement ont du mal à recouvrir les taxes de développement régional et local. Faute de sécurité et d’accompagnement technique de l’administration, les travailleurs des mairies sont à six voire sept mois sans salaire. Ils ont de problème pour recouvrir les impôts”, nous a confié un habitant.
” Avec cette situation, les porteurs de projets de développement ont abandonné la zone, et la zone est laissée pour compte”, déplorera-t-il.
Le retour de l’Etat vivement sollicité
Dans cette localité ou l’absence du sous-préfet est beaucoup décrié et jugé incompréhensible, la population de l’arrondissement de Sy exige la présence de celui-ci pour restaurer l’autorité de l’Etat. Le préfet de Sy est le seul de tous les sous-préfets des arrondissements de l’inter-fleuve à ne pas résidé dans sa zone de commandement. Pis, il ne se présente à son poste qu’une fois par mois. “Comme le chef de famille, le chef de l’Etat rendra compte de sa gestion le jour du jugement dernier. Bien que nous ayons un administrateur civil affecté à notre zone, il ne réside pas chez nous. Pourtant, ils disent qu’il n’y a pas de problème d’insécurité ici, que cela soit vrai, pourquoi notre sous-préfet réside dans une autre localité différent de sa zone d’intervention. Comment peut-on expliquer cela”, déplore Dianguinè Diarra, promoteur de radio à Sy.
“Depuis le début de cette situation d’insécurité, nous avons appris que plusieurs familles et villages peulhs ont été la cible d’attaques et d’autres ont quitté les lieux pour se réfugier dans les zones plus calmes”, indiquera-t-il.
Youssouf Coulibaly
L’Indicateur du Renouveau