Arrêt du train-voyageur : les vraies raisons

Promesse non tenue par le gouvernement, qui s’était engagé à verser 4,6 milliards CFA à la direction générale du Dakar-Bamako Ferroviaire pour la reprise du trafic ; manque de pièces de rechange d’urgence, ouvrages d’art en délabrés le long de la voie ferrée ; absence de stocks de carburant et de lubrifiants et immobilisation du personnel, accusant cinq mois d’arriérés de salaire…
Telles sont, entre autres, les vraies raisons de l’arrêt du train-voyageur censé relier Bamako à la première région du Mali.

Annoncée à grands renforts de publicité, la reprise du trafic, entre notre capitale et celle du rail, a repris début mars dernier.
Promesse électorale du président de la République, aux populations de Kayes qui souffrent du mauvais état de la route, le train-voyageur a, pour la première fois depuis une décennie, sifflé dans les gares.

A bord de ce train inaugural, le ministre des Transports et du désenclavement, Moulaye Ahmed, accompagné d’un bataillon de journalistes pour la circonstance. Il s’agissait, pour le ministre de tutelle de prouver, preuve à l’appui, que le Chef de l’Etat, appelé aussi le « Kankélintigui » (homme de parole) tient sa promesse.

Promesses non tenues

Mais deux semaines après, c’est à dire le 17 mars, ce qui devrait arriver, arriva : le trafic s’arrêta net. Comme par magie. La locomotive CC 2205, tractant 10 voitures, tombe en détresse, à Oualia, à 17h00, suite à un arrêt du moteur diésel.
Selon une « note circonstanciée » de la direction générale du Dakar- Bamako Ferroviaire, dont nous nous sommes procurés copie, le « mécanicien a, immédiatement, déclaré ne pas pouvoir continuer sa marche ».

Il a fallu recourir à une locomotive sénégalaise pour ramener la locomotive CC 2205 au garage.
Depuis, la reprise du trafic, tant vantée par les médias et le ministre des Transports et du Désenclavement, est en stand-by. Le train-voyageur n’a plus sifflé dans les gares.
Accusant cinq mois d’arriérés de salaires, les cheminots sont en rogne. Pour manifester leur mécontentement, ils ont déclenché, fin mai, l’opération « Escargot ». Elle consistait à barrer la route par les rames du train au niveau de la gare ferroviaire.

Pour désamorcer la colère des cheminots et redonner le sourire aux populations de Kayes, la direction générale du Dakar-Bamako Ferroviaire a, dans une « note circonstanciée » adressé les mesures à mettre en œuvre pour la reprise du trafic. Il s’agit, entre autres, de l’acquisition de pièces de rechange d’urgence, de l’achat des matières pour la réhabilitation des deux ponts estimées à 13,3 millions CFA ; de la reconstitution des stocks de carburant et lubrifiants chiffrée à 95, 2 millions CFA ; mais aussi, de diverses commandes (billets, semelles, nettoyages rames) pour un montant de 25 millions CFA. Soit un total de 133,7 millions CFA.

Cette « note circonstanciée » n’a jamais été suivie d’effet de la part du ministre des Transports et du Désenclavement. Et ce, en dépit des correspondances, à lui, envoyées par la direction générale du Dakar-Bamako Ferroviaire.

120 millions CFA versés sur 4,6 milliards CFA promis

« A l’occasion de la transmission du rapport circonstancié sur la détresse du train n°12 du 17 mars 2018 joint en annexe, nous avons l’avantage d’appeler à nouveau votre bienveillante attention sur l’extrême précarité dans laquelle sont exploités les trains de voyageurs au Mali, depuis le 23 décembre 2017 », écrivait l’administrateur du Dakar-Bamako Ferroviaire au ministre des Transports et du Désenclavement. C’était dans une lettre datant de mois mars 2018. Lettre restée sans suite.
Pourtant, à l’annonce, aux populations de Kayes, de la reprise du trafic, le gouvernement avait promis, à la direction générale du Dakar-Bamako Ferroviaire 4,6 millions CFA. Mais, sur ce montant promis, elle n’a perçu que 120 millions CFA. Curieusement.
D’où la colère du personnel, qui menace  d’entreprendre d’autres actions, dans les semaines à venir, pour se faire entendre.

Oumar Babi 

Source: Canard Déchainé

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