Histoire… : … d’un médiateur

Mr Sidibé est un vendeur de chaussures au grand marché de Bamako. Agé d’environ 60 ans, notre commerçant, qui est encore solide, est père de plusieurs enfants. Il est marié à deux femmes dont une jeune fille qu’il a épousée depuis seulement deux mois.

(image utilisée juste a titre d`illustration).

Domicilié à Boulkassoumbougou, Mr Sidibé partage sa concession avec d’autres locataires parmi lesquels un marabout auquel il a offert la gratuité du logement. Comme tout bon polygame, notre commerçant dont les affaires marchent à merveille, partage ses nuits entre ses deux femmes qui le couvrent d’amour et de tendresse.

L’harmonie dans la famille, était si parfaite, que celle-ci suscitait l’envie des voisins. Tout devait cependant voler en éclat le 12  novembre 2018 dernier, lorsque le vieux Sidibé découvrit que sa 2è femme le trompait… Et l’impertinent qui était à la base du scandale n’était autre qu’un neveu du commerçant que celui-ci hébergeait depuis un an.

En effet, le jeune garçon indélicat, étudiant de son état, était tombé amoureux de la 2è femme de son oncle, et celle-ci n’a pas refusé ses avances. Ainsi, chaque fois que le vieux Sidibé passait la nuit dans la chambre conjugale de sa première épouse, son neveu, lui, se retrouvait dans celle de l’autre femme.

L’affaire était connue de toute la concession à l’exception de Mr Sidibé qui a enfin été  informé de la situation par un autre jeune marabout auquel il avait également accordé gratuitement le logement dans une petite concession non loin de sa famille.

Pour toute réaction, le vieil homme chassa de sa concession, son impertinent neveu et s’interdit de mettre les pieds dans la chambre de sa 2è épouses. C’est ainsi que le jeune marabout entra dans le jeu afin de réconcilier le couple. Il fallait agir dans les deux sens : le jeune marabout était depuis deux semaines entre le salon de Mr Sidibé et la chambre de sa 2è épouse. Au premier, il ne cesse de demander le pardon, et la tolérance. À l’autre le repentir. Mais, rien n’allait toujours pas au sein  du couple, car Mr Sidibé a décidé de réfléchir  quelque temps encore avant d’accorder le pardon à sa femme.

Le médiateur de marabout, lui, continuait de slalomer entre la chambre du mari et celle de l’épouse. Il avait même réussi la ‘’réconciliation’’ en cette nuit du 3 Janvier dernier car, aux environs de 2h du matin, Mr Sidibé se dirigea vers la porte de sa femme. Toc ! Toc ! Madame ne répondait pas. Toc ! Toc ! Toc ! Même un sourd pouvait entendre le vacarme car les voisins eux-mêmes s’étaient réveillés et certains regardaient ce qui se passait devant la porte de la femme réputée infidèle. Mr Sidibé et ses voisins à l’affût, entendaient des voix au fond de la chambre. Madame se décida enfin d’ouvrir. Stupéfaction ! Dans la chambre, elle n’était pas seule. Quelqu’un lisait le Coran et à haute voix. Lumières ! Notre lecteur de Coran n’était autre que le jeune marabout médiateur, qui n’avait pour l’occasion, ni chapelet, ni livre. Mieux : il n’était habillé que d’une culotte et d’un tee-shirt. C’est pourquoi, on ne le reconnaîtra que lorsque le vieux cocu complètement déchaîné l’eût roué de coups de bâton jusqu’à évanouissement.

C’est vers 4h du matin que le margouillat a été à certains fidèles qui venaient d’habitude le chercher pour la prière du petit matin. Couvert de honte, le jeune marabout, à peine sorti de la concession, mit ses jambes au cou sans attendre de recevoir « les biens » qu’il avait abandonnés : une trentaine de « baya » (perles dont les femmes se ceignent la taille), une peau de prière et quelques habits. Pour les affaires d’un marabout…Hum.

Boubacar Sankaré

Source : Le 26 Mars

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