Soumaîla cissé après sa rencontre avec IBK: ‘‘Nous n’avons pas parlé du gouvernement, de postes; ces choses-là sont secondaires.’’

À la suite du coup fil du 14 février 2019, le président de la République, Ibrahim Boubacar KEÏTA, et le chef de file de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla CISSSE, se sont rencontrés dans la nuit du mardi au mercredi 27 février 2019 à Koulouba. Cette rencontre a été l’occasion pour les deux personnalités de débattre des préoccupations du pays : sécurité, révision constitutionnelle, accord pour la paix, grèves des syndicats, fermeture des écoles… « Il fallait tout balayer, ne rien oublier, à mettre tout dans le panier. Après il faut mettre de l’eau dans le vin pour que nous puissions nous rassembler et trouver les chemins pour une sortie de crise. Pour que l’espoir qui est créé à l’occasion de ces rencontres puisse servir les Maliens pour que vraiment les cœurs reviennent aujourd’hui à un Mali apaisé, un Mali qui avance », a indiqué Soumaïla Cissé. Aussi, les deux hommes, qui n’ont jamais fait mystère quant à leur volonté de mettre le Mali au-dessus de leurs intérêts, ont-ils promis de se revoir la semaine prochaine pour une rencontre décisive, du moins si l’on s’en tient à l’interview accordée par Soumi champion.

L’accueil a été cordial, nous avons eu une longue discussion pendant près de deux heures. Nous avons parlé de l’ensemble de la situation de la situation du pays. Les problèmes liés à la crise sécuritaire, la crise sociale, de la crise électorale, la crise économique et financière. Il n’y a pas un pan de difficultés actuelles que nous n’ayons abordé. Nous sommes tous les deux convenus que la situation méritait un traitement de choc et qu’il faut pour rassembler les Maliens autour des difficultés actuelles. Nous avons donc passé en revue l’ensemble des solutions éventuellement possibles.

Ce qu’il faut retenir, c’est que la discussion a été franche. Nous avons abordé sans détour l’ensemble des problèmes. Je pense que, honnêtement, nous sommes parlés en vérité. Parce que c’est que sied des circonstances actuelles. La crise sécuritaire que le pays connaît depuis 2012 jusqu’à aujourd’hui s’est malheureusement approfondie ; surtout sur ses aspects sécuritaires. Nous allons essayer ensemble, en toute responsabilité, de voir comment nous pouvons conjuguer nos efforts pour sortir notre pays des difficultés qu’il connait.

Nous avons convenu de nous revoir dès la semaine prochaine, soit lundi ou mardi, pour pouvoir tracer ensemble les solutions que nous avons envisagées. Et nous allons partager auprès de ceux qui sont avec nous, nos solutions possibles. Et dès la semaine prochaine, nous allons nous rencontrer pour essayer d’avoir un mode opérationnel pour que nous puissions proposer des solutions aux Maliens pour pouvoir avancer dans la résolution des problèmes qui assaillent le pays.

Nous savons que la responsabilité est grande aujourd’hui, face à l’histoire, face à l’ensemble des Maliens, parce que, ils sont tous préoccupés face à la situation actuelle.

Ce que je veux que vous reteniez, c’est que le dialogue n’est pas fermé. C’est un début et que très prochainement, nous allons nous retrouver. Je crois que c’est à partir de là que nous pourrions dire, voilà des propositions de solutions à mettre sur la table.

Monsieur le président, est-ce qu’on peut désormais parler d’une décrispation du climat politique au Mali ?

Je crois que dès que le premier pas a été fait par cet appel et que nous aussi, nous avions fait un 2e pas en allant à Koulouba. Je crois que c’est un début de quelque chose. Maintenant, ce que nous ferons, la semaine prochaine, va confirmer ou infirmer la décrispation qui est attendue à tous les niveaux, mais qui semble aujourd’hui en vue.

Je crois que, attendons, un début a été fait. Les problèmes sont à régler encore. Il y a encore des difficultés. Il faut créer la confiance. Il faut créer le cadre de dialogue pour que nos responsabilités soient réellement avancées et qu’on puisse lier, en un seul, les morceaux.

Je pense que les discussions qui auront lieu la semaine prochaine vont nous aider à avancer.

Et l’atmosphère ?

L’atmosphère est conviviale. Vous savez, c’est un aîné, je suis un cadet. Au-delà de cette partie, qui a été très courte, il n’y avait pas de place pour des considérations individuelles et personnelles. L’ensemble de la discussion a porté sur le pays, sur les difficultés du pays : comment chacun de nous envisage pour qu’on puisse sortir de la crise.

Donc, ç’a été une discussion d’une grande tonalité, empreinte de beaucoup de sérieux, de beaucoup de gravité. Ce n’était vraiment pas une discussion d’amitié et de fraternité. Bien sûr il y en a toujours.

Mais je crois que la situation du pays méritait la gravité qui a marqué notre discussion.

Par rapport à cette situation, est-ce qu’il y avait un sujet qui sortait du lot comme la révision constitutionnelle ou un autre sujet particulier ?

Nous avons tout abordé y compris la révision des textes, le code électoral, la révision constitutionnelle, les problèmes liés à la sécurité. Nous avons même échangé des points de vue sur les difficultés actuelles. Nous avons vraiment parlé de tout.

Je crois qu’aujourd’hui, c’était une grande soirée de balayage. Il fallait tout balayer, ne rien oublier, à mettre tout dans le panier. Après il faut mettre de l’eau dans le vin pour que nous puissions nous rassembler et trouver les chemins pour une sortie de crise. Pour que l’espoir qui est créé à l’occasion de ces rencontres puisse servir les Maliens pour que vraiment les cœurs reviennent aujourd’hui à un Mali apaisé, un Mali qui avance.

Notre responsabilité est très grande ; et je crois que nous mesurons, tous les deux, la portée.

Est-ce qu’une question de gouvernement d’union nationale a été faite ?

Non, nous n’avons pas parlé de ça. Nous n’avons parlé que du pays. Nous avons parlé des solutions qui amènent tous les Maliens à se rassembler, à trouver des chemins de sortie. C’est après qu’on verrait les modes opératoires.

Nous n’avons pas parlé du gouvernement ; nous n’avons pas parlé de postes ; nous n’avons pas parlé de ces choses-là qui sont vraiment secondaires.

Dans un premier temps, c’était d’abord de partager ensemble les difficultés : qu’on soit tous les deux conscients du niveau des difficultés ; qu’on se mette quelque part à niveau les informations que nous avons. Je crois quand nous mesurons la gravité de la situation, nous mesurons tous les deux l’état du pays, c’est en ce temps qu’on peut essayer d’aborder les solutions et trouver les hommes, les associations, les partis politiques, tout ce qui peut aider à sortir de la crise.

Mais, nous n’avons pas parlé de gouvernement, de ceux-ci ou ceux-là. Je crois que ce n’est ni le jour ni le moment pour ça.

Est-ce qu’on peut dire que la crise post-électorale est terminée ? Votre non-reconnaissance de la réélection l’IBK est terminée ?

Vous savez, nous n’avons même pas parlé de ça. Nous n’avons pas parlé des histoires de reconnaissance ou pas.

C’est le Mali. C’est le Mali dont on a parlé. Qu’est-ce qui se passe au Centre du pays ? Qu’est-ce qui se passe au nord du pays ? Les difficultés qu’il y a jusqu’à Siby, jusqu’à Koulikoro.

La nécessité certainement de revoir la loi électorale, de voir la façon dont les scrutins sont abordés, on en a parlé.

On s’est un peu chahuté sur ce qui s’est passé au moment des élections. Mais, ce n’est pas vraiment ça le cœur du sujet.

Le cœur du sujet, c’est que le pays est en crise : on est en crise sécuritaire, on est en crise sociale. Toutes ces grèves qui perlent, ces écoles qui ferment. C’est très préoccupant.

On est en crise sur les difficultés économiques et financières. C’est préoccupant.

On est en crise électorale. Bien sûr, il faut revoir les modes de scrutin. Il faut mettre tout ça sur la table. On a parlé de tout ça. Aussi, de la sous-région, de nos partenaires, qu’est-ce qu’ils souhaitent ? Qu’est-ce qu’ils ne souhaitent pas ?

Nous avons mis vraiment le Mali au cœur. Et c’est ça le plus important.

Monsieur le président est-ce à dire que vous sortez optimistes de ces échanges ?

Non, je reste toujours préoccupé par la situation du Mali. Il faut être comme Saint Thomas, il faut croire à ce qu’on voit. Il faut être pragmatique.

Je crois au moment où on sera sur les rails, et qu’on se dit le chemin est tracé, ce jour-là, l’optimisme va venir.

Je crois que nous devons rester très graves sur la situation du pays, sans quoi les responsabilités sont énormes et que le péril est très grand. Notre pays fait face à un mur aujourd’hui. Il faut le briser. Il faut trouver un chemin. Il faut tracer ce chemin. Il faut pouvoir l’emprunter de façon sûre pour avancer. Nous ne sommes qu’au début.

Il faut s’atteler assez vite. Il ne faut pas laisser le temps aux forces du mal de prendre la place.

Merci.

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Libre de la rédaction

 Info-Matin

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