Des localités du centre se vident de leurs populations. En effet, le nombre des déplacés internes a augmenté, en six mois, de 92%, relève le dernier bulletin périodique d’Ocha. De 62 627 personnes à la fin du mois de juin, ce nombre est passé à 120 298 individus en fin décembre 2018. La région de Mopti enregistre le plus grand nombre. Cette situation est la conséquence de l’exacerbation des violences dans le centre du pays.
Les régions nord et centre du pays se vident de leurs populations. Craignant les violences, elles fuient leurs terroirs. Récemment, des centaines de déplacés internes de la région de Mopti ont été signalés près de la capitale malienne, Bamako, où ils vivent dans des conditions très précaires. Peu importe : « ce qui est important pour nous était de fuir pour éviter des représailles de certains groupes obscurs », déclare Moussa Abdoul, un habitant de la région de Mopti. Comme lui, la plupart des déplacés n’avaient le choix qu’entre fuir et mourir. « On a fait le choix de vivre loin de nos terroirs en attendant que la situation se stabilise », raconte Abdoul, père de 4 enfants. A 50 ans, il dit n’avoir jamais entendu ni vu autant de scènes d’atrocités dans sa région natale.
Ce témoignage de M. Moussa Abdoul corrobore ceux du dernier bulletin périodique d’OCHA sur la situation humanitaire dans le pays. Pour l’organisme humanitaire international, avec près de 110 000 personnes déplacées internes au Mali, les violences continuent de forcer de nombreuses personnes à fuir leur lieu de résidence.
« A la fin de décembre 2018, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) a atteint 120 298 par contre 62 627 à la fin du mois de juin. Ceci représente une augmentation de 92 pour cent en seulement six mois », relève le bulletin d’OCHA.
Ce document périodique rendu public la semaine dernière intervient dans un contexte où les tensions et les violences intercommunautaires sont exacerbées dans le centre du pays. Le massacre de Koulogo-Peul, avec au moins 35 morts, a suscité l’indignation et la colère populaires.
OCHA précise dans son bulletin que plus de 54 000 personnes déplacées ont été enregistrées en une année dans la région de Mopti, considérée comme l’épicentre des violences entre communautés. Tout naturellement, elle est la plus affectée, en témoigne le nombre de ses victimes. « Le nombre de déplacés internes de Mopti est passé de 2 151 en décembre 2017 à 56 495 individus au 24 décembre 2018 », affirme l’OCHA. Cette augmentation a été ressentie dans presque toutes les régions nord et une partie du centre du pays. La région de Ménaka est passée en six mois de 11 000 déplacés à 12 000. Pour la région de Gao, le nombre a dépassé le double à la même période. Ainsi, entre juin et décembre 2018, les déplacés internes de la Cité des Askia est passé de 7 978 à 18 395 personnes.
7,2 millions de personnes affectées par la crise
Outre le constat inquiétant des déplacés internes à cause des violences dans le pays, le bulletin d’OCHA sonne l’alerte sur la situation humanitaire au Mali. Selon l’organisme international, « Sur les 7,2 millions de personnes que les acteurs humanitaires estiment être affectées parce qu’elles vivent dans les régions exposées à de multiples chocs de Mopti, Tombouctou, Taoudénit, Gao, Ménaka, Kidal et Ségou (soit 35 pour cent de la population totale)». Par ailleurs, le document prévient qu’en 2019, 3,4 millions d’entre elles auront besoin d’une assistance humanitaire.
Dans ces zones, des communautés ne cultivent plus. Des centres de santé ne fonctionnement plus parce que les médecins ont fui les violences. L’administration de façon générale est presque absente pour assurer l’accès à certains sociaux de base. Ces facteurs cumulés expliquent, selon d’autres sources, la crise humanitaire dans les localités du nordet centre du Mali.
Source: Azalaï Express