L’ancien Premier ministre d’IBK, Moussa Mara, président de Yéléma, s’est retiré de la course à la présidentielle du 29 juillet prochain. Il soutiendra Cheick Modibo Diarra, l’ancien Premier ministre de la transition.
En effet, Moussa Mara, membre de la Coalition « Les Bâtisseurs », a retiré sa candidature au profit de celle Cheick Modibo Diarra. Dans une interview accordée, le jeudi 14 juin dernier, à Jeune Afrique, l’expert-comptable laissait déjà entrevoir un possible retrait de sa candidature pour celle de l’ancien premier ministre « plein pouvoirs » de la transition. Ainsi, le vendredi 15 juin dernier, à travers une déclaration, Mara confirme : « Je retire ma candidature à l’élection présidentielle. Je m’engage à participer pleinement à l’animation de l’équipe en constitution autour du Dr Cheick Modibo Diarra pour redresser notre pays ».
L’ancien premier ministre explique ce choix par sa proximité « idéologique » avec Cheick Modibo Diarra. « Il est installé dans la tête de nos compatriotes comme quelqu’un de crédible sur lequel on peut compter. Il illustre aussi le changement auquel nous aspirons : il est « neuf », non issu du sérail politique, et il a un corpus idéologique proche du notre, notamment en matière de lutte contre la corruption », déclare M. Mara.
Le président de Yelema expliqué aussi sa décision par « l’intervention salutaire de nombreuses organisations de la société civile, à travers une plateforme constituée autour du Premier ministre Cheick Modibo Diarra » et par le souci de son parti de donner une grande chance à l’avènement du « vrai changement au Mali ».
Pour Mara, le président actuel a échoué dans la gouvernance. « Il donne l’impression d’être étranger dans la gestion de l’État. Juste un exemple : la priorité absolue du Mali est la sécurité. Le président en est le premier responsable. Il a un outil privilégié pour cela : le Conseil de défense. Ce conseil se réunit deux ou trois fois par an depuis que le président est au pouvoir, généralement quand il y a une crise où une attaque importante. Il se réunit, prend quelques mesures et c’est terminé. Il n’y a pas de gouvernance homogène de la sécurité. En Côte d’Ivoire, le conseil de défense se réunit deux fois par mois. Et pourtant les enjeux sécuritaires n’y sont pas les mêmes qu’au Mali. Nous devrions avoir un tel conseil au moins une fois par semaine, comme les conseils des ministres. Le président fonctionne comme s’il n’était pas intéressé par son pays. Sur tous les grands dossiers – le Nord, la lutte contre la corruption… , nous ne sentons aucune prise en main. Je lui reproche donc sa gestion, qui ne changera pas. La situation se dégrade. L’avenir même de notre pays est en cause. Si le président est opposé à quelqu’un d’autre, il faudra choisir cette personne. C’est une question d’urgence nationale », fustige l’ex candiddat.
Aussi, Moussa Mara prône un scrutin apaisé et exprime sa confiance à l’organisation de l’élection présidentielle. « Pour l’instant, cela ne se passe pas mal. C’est une des raisons pour lesquelles je n’ai pas bien compris la récente marche organisée par l’opposition. Cela dit, la marche est un exercice démocratique et le gouvernement n’a pas eu raison de l’interdire la première fois », déclare-t-il. En outre, Mara se montre circonspect sur les inquiétudes de certains sur des risques de fraudes. « Je n’ai pas de preuves indiquant qu’une fraude est en préparation. En travaillant avec le gouvernement sur les détails du scrutin identification des électeurs, accueil dans les bureaux de vote, inviolabilité des bulletins, comptage des voix et intégrité du système de comptage, conservation des bulletins… nous arriverons à améliorer le processus électoral.
Au début de l’année, l’opposition, la majorité et l’administration ont constitué une équipe d’experts qui se réunissait toutes les semaines. Cette équipe a rédigé la loi électorale, a travaillé sur la question des cartes d’électeurs, a organisé l’audit du fichier électoral… Il faut aller dans ce sens », plaide l’ancien Premier ministre d’IBK.
Après son retrait de la course, Moussa Mara rejoint donc Cheick Modibo Diarra dans une nouvelle Coalition dont le lancement est annoncé pour les prochains jours. Aussi d’autres partis politiques, notamment le Modem de l’ancien ministre Koniba Sidibé sont annoncés dans cette Coalition qui va tenter de donner des ailes à la candidature de l’ancien navigateur à la Nasa.
Mohamed Sylla