Le nombre des Réfugiés peulhs à Dialakorobougou venant du Cercle de Koro s’augmente. Hier, 15 nouveaux cas de déplacés ont été enregistrés à Bamako dont 6 femmes, 7 enfants et 2 hommes. Au total, 96 personnes quand on tient compte des 81 personnes du premier groupe. Pourtant, l’ex-président de l’Assemblée Nationale du Mali, Pr Ali Nouhoum Diallo, en marge de la conférence de presse de l’Association Tabital Pulaaku, alerte l’opinion nationale qu’il risque d’avoir une révolte des peulhs partout dans le pays si le gouvernement continue à ignorer les exactions en cours.
Après la sortie médiatique de l’Association des Amis de la Culture Peule (Tabital Pulaaku), la localité de Dialakorobougou, 10 km de la ville de Bamako, continue d’accueillir des déplacés. Ils sont tous des peulhs. Hier, dans la matinée, 15 autres personnes sont venues grossir le groupe venant du Cercle de Koro. Tous ont fui l’exaction’’ des Dozos. Auparavant, 81 peulhs ont été contraints de quitter la zone. La situation a poussé l’Association Tabital Pulaaku à hausser le ton afin que le Gouvernement puisse revoir sa position face au traitement dudit conflit communautaire. À l’occasion, nous avons recueilli les impressions du Pr Ali Nouhoum Diallo sur le problème.
Il a été on ne peut plus clair : «Si nous ne prenons pas garde, ce que nous craignions va se produire… si l’on ne prend pas garde les peulhs se considèrent comme des Étrangers au Mali… »
De l’avis du Doyen, ils (les peulhs) ne réclament aucune terre particulièrement ; mais, ils estiment qu’ils sont partout chez eux. Toutefois, un autre traitement leur est infligé. Ce qui amène Pr Ali Nouhoum Diallo a alerté : «Je sens la révolte qui grogne et nous autres qui sommes en train de calmer, de dire aux gens non, non, que c’est des erreurs simplement d’aiguillage…nous risquons d’être débordés».
Sans démagogie, il reconnaît que le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta est son ami. Cependant, le premier Président de l’Assemblée Nationale sous l’ère démocratique déplore la gestion de la crise dans le Delta intérieur du Niger par celui qu’il appelle ami et petit frère. «Tout le monde dit et je le confirme, qu’Ibrahim Boubacar Kéïta est mon ami, c’est mon camarade, c’est mon petit frère. Mais cette façon de gérer cette crise dans le Delta intérieur dans les zones exondées risque de nous conduire à la guerre civile », déconseilla notre interlocuteur. Et de persister « nous l’avions dit, le 19 mai 2016, je crois, au Premier ministre Modibo Kéïta : attention même le lièvre s’il est acculé, il risque de vouloir donner des coups de cornes alors qu’il n’en a pas. Donc, faites attention. Si vous continuez à stigmatiser les peulhs, les hommes de culture peulhs, les amis de la culture peulh et à les ostraciser, ils risqueront un jour de se dresser, rien que pour se faire respecter. Pas pour réclamer une terre à part, parce qu’ils sont partout ».
Sans mâcher ses mots, ni langue de bois, Pr Ali Nouhoum Diallo met en cause la volonté du Président de la République du Mali ainsi que son Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. «Notre sentiment c’est que le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga sont fortement interpelés. Dans les jours à venir, s’ils n’arrêtent pas les massacres, les peulhs finiront par comprendre que c’est eux qui sont derrière».
Pr Ali Nouhoum Diallo proteste contre le régime en place qui, selon lui, terrasse les peulhs au profit des dogons. « Il faut arrêter la possibilité donner à certains de rentrer dans des maisons, de sortir les citoyens et de les exécuter ; ça, il faut arrêter. Il faut arrêter d’interdire certains d’être à moto…on va jusque dans leurs maisons, on prend leurs motos, on les brûle sur la place publique… et d’autres se promènent gaillardement à moto, l’arme sur les épaules. Ce sont ces injustices que la communauté peulh ne pourra pas accepter. Il faut un État juste et impartial. C’est ce que disait IBK quand il arrivait au pouvoir, mais il faut que nous voyions qu’effectivement, il fait en sorte que l’État qu’il dirige est juste et impartial. S’il ne le fait pas, on sera obligé de croire qu’il ne contrôle plus rien » fustigea Pr Ali Nouhoum Diallo.
Oumar Diakité
Source: Le Combat