La Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako : Un enjeu sécuritaire qui ne reflète pas les conditions de vie et de travail des surveillants de prison

Le paradoxe malien, c’est ainsi qu’il faut désormais qualifier la corrélation entre l’importance de la Maison centrale d’arrêt (MCA) dans l’architecture sécuritaire de notre capitale et les conditions de travail exécrables auxquelles les surveillants de prison sont soumis.

De notre série d’enquêtes sur la MCA, il ressort effectivement que la population carcérale de cet établissement est estimée à 2 142 pensionnaires pour seulement 400 places disponibles. Malgré cette surpopulation carcérale, seulement 187 détenus ont été jugés et condamnés. Ainsi, 1 955 soit plus de 90% des pensionnaires de la MCA de Bamako sont en détention préventive, donc toujours en attente d’un jugement. Sans oublier que plus de 400 détenus réputés d’être très dangereux sont consignés dans deux cellules. Aussi, précisons que plus de 200 jihadistes y séjournent dans l’établissement.

De ce constat, la situation à la MCA, un lieu de privation de liberté comme présenté plus haut, est caractérisée par des tentatives d’introduction de substance hallucinantes et d’armes de tous genres ou toutes autres pratiques prohibées. Celles-ci sont devenues par ricochet le lot quotidien des surveillants de prison chargé de garder le « temple ».

De ce fait, les plus hautes autorités doivent accorder une attention particulière à cet établissement qui mérite d’être surveillée comme du lait sur du feu pour la stabilité de la ville de Bamako à travers non seulement le renforcement du dispositif de sécurité de l’établissement mais aussi et surtout l’amélioration des conditions de vie et de travail du corps des surveillants de prison à l’image des éléments des autres services de sécurité, à l’occurrence la police nationale, la protection civile, la gendarmerie nationale…

Absence de périmètre de sécurité à la MCA

S’agissant des dispositifs sécuritaires, il ressort que l’une des difficultés auxquelles la MCA est confrontée pour lutter contre l’introduction des substances interdites, c’est l’absence de périmètre de sécurité autour d’elle. Car, selon nos sources, compte tenu de sa proximité avec les constructions à usage d’habitation, la MCA fait l’objet de nos jours de jet de toutes sortes de substances nocives par-dessus  de sa clôture. En effet, lors des différentes rondes dans l’enceinte de la MCA, les surveillants ramassent fréquemment ces substances le long de la clôture et dans la cour.

L’aspect qui retient plus l’attention de tout bon observateur dont l’avis d’un spécialiste des questions sécuritaire a même été demandé pour la circonstance, c’est la présence d’un étage de plusieurs jusqu’à côté de la MCA. Selon l’avis notre spécialiste, la présence de cet immeuble constitue un véritable danger pour les pensionnaires de la MCA parce qu’il peut servir de créneau de tirs pour un sniper ou tout détenteur d’armes sophistiquées qui a pour mission d’exécuter un ou plusieurs détenus. Car, de l’intérieur de l’immeuble on peut voir l’enceinte de l’établissement.

Outre ces remarques, notre spécialiste nous indique que le renforcement du dispositif sécuritaire de la MCA de Bamako est plus que nécessaire à cause de présence de plus 200 terroristes arrêtés au cours des différentes opérations  militaires. Ce qui peut faire de l’établissement une cible d’attaque extérieure à tout moment si aucune disposition n’est prise. Car, selon les spécialistes, la MCA et la Maison d’arrêt de Souban (Koulikoro) sont les seules dotées de dispositifs pour maintenir en détention les terroristes. Ainsi, tous les terroristes arrêtés par l’Opération Barkhane et les Forces armées maliennes sur le théâtre de l’opération sont mis à la disposition de la MCA de Bamako.

Absence de budget de fonctionnement à la MCA

Compte tenu de l’importance de la MCA dans l’architecture sécuritaire de notre capitale et des défis qui se posent aux agents chargés de surveiller les lieux, les plus hautes autorités doivent jeter un regard sur les conditions de vie et de travail du corps des surveillants de prison. En effet, de sources proches dignes de foi, contrairement aux autres services de sécurité, les surveillants de prison sont réduits à une extrême précarité. Ainsi, à titre illustratif, les officiers supérieurs de l’Administration pénitentiaires ne perçoivent pas le moindre sous comme prime de logement alors qu’au même moment des simples sergents des autres services de sécurité ont 50 000 FCFA comme  prime.

Pire, il nous revient également que la MCA, malgré le rôle qu’elle joue dans la stabilité de notre capitale, ne reçoit même pas un franc comme budget de fonctionnement. Donc l’établissement est privé de moyens pour mener à bien sa politique et répondre aux vrais enjeux. Aussi, la saisie périodique de drogue, de substances hallucinantes et d’armes de tous genres prouve à suffisance que les plus hautes autorités de notre pays doivent se pencher sur les conditions de vie des surveillants de prison afin d’éviter la tentation chez ces pauvres agents de l’Etat.

Mama PAGA

Source: Le Pays

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