Hommages à Sbaïty Ag AKADO : Une vie au service de la justice sociale et des convictions

Ayant en partage la langue tamachaqt avec les populations touarègues dans leur diversité raciale, le professeur Sbaïty Ag Akado a toujours revendiqué son appartenance biologique aux communautés noires de l’Afrique de l’Ouest et un statut d’homme libre, malgré les cicatrices et les séquelles de l’esclavage pratiqué à visage découvert dans cette partie de l’Afrique.

Activiste des droits humains, démocrate et républicain, il a consacré sa vie politique à la protection et à la défense des Bella, un peuple racialement, linguistiquement et  ethno-culturellement métissé. Il était un leader respecté au sein du Conseil National de la Communauté Bella du Mali (CNCB).

Être Bella, le revendiquer, le porter, le vivre et l’assumer n’est pas une tare, un handicap, un délit ou un crime. Le Bella tire ses origines linguistiques du Fella, expression touarègue qui signifie ‘’soutien’’ au plan politique, ‘’appui’’ au plan militaire, ‘’support et apport’’ au plan social, ‘’levier’’ au plan économique.

Il est aisé de le découvrir dans les phrases suivantes en tamachaqt :

° Ma mos Chama nak ?

Chama nin imididaghan.

° Ma mos Fella nak ?

Fella nin imghad.

L’appellation Fella est prosaïquement devenue Fellaga en arabe dialectal puis Bella en Songhoy par méconnaissance et déformation du tamachaqt d’origine.

Les mutations sociales et les transformations communautaires ont amené des cadres et notables Kàl Tamachaqt noirs du Mali à s’organiser pour survivre.

Ce combat de libération sociale et de survie identitaire a été parfois incompris, condamné et rejeté par des communautés noires et blanches estimant que les Bella doivent continuer à garder les greniers et les animaux.

Quelle fâcheuse  émancipation rétrograde !

Le Professeur Sbaïty Ag Akado est la voix des Bella vers les autoroutes de la dignité restaurée, de la paix consolidée et du vivre-ensemble accéléré. Mon aîné à l’École Normale Supérieure (ENSUP) de Bamako, DER d’histoire et géographie, s’est opposé à l’oppression et à l’exclusion des Bella jusqu’à son dernier souffle.

Sans rupture raciale avec les populations noires et sans  délestage génétique des racines identitaires tamachaqt, la feuille de route laissée en héritage par  mon frère aîné Sbaïty doit être pacifiquement popularisée dans l’honneur et la solidarité entre les différentes composantes de notre pays.

En priant sur votre dépouille mortelle, le samedi 23 février 2019 dans l’après-midi à Bamako, j’ai demandé à Allah, le Tout-Puissant de vous couvrir de Sa miséricorde et de vous pardonner vos erreurs sur terre.

Cher frère défunt, j’ai bien entendu votre appel pour plus de justice et de concorde.

Vivre, c’est apprendre à mourir.

Zeidan Ag SIDALAMINE

Source: lechallenger

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