Dialogue inclusif : le président va-t-il mettre en cause le décret et l’arrêté du PM ?

La réaction du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, face à la majorité, le samedi 16 février, suscite le débat autour de la reprise du décret et de l’arrêté portant création et convocation du cadre de concertation nationale. Ces décret et arrêté sont qualifiés par certains acteurs de sélectifs. Les partis de la majorité tout comme ceux de l’opposition invitent le chef de l’Etat à revoir cette décision du Premier ministre pour le caractère inclusif du cadre de concertation nationale pour une sortie de crise.

Lors de sa rencontre avec l’EPM, le président de la République s’est engagé à inscrire le cadre de concertation dans le prolongement de ce que le président de l’Ensemble pour le Mali, Dr. Bocari Tréta, a commencé : faire de ce cadre plus inclusif. “Ce n’est pas un grand bon sacrifice d’appeler un jeune frère… et je le ferai les jours à venir, dans le prolongement de ce que vous avez entrepris”, a-t-il dit.

“Pour moi rien n’est au-dessus du Mali, aucun sacrifice, d’ego, de quel ego ? Je ne suis pas ici pour cela. Je suis ici pour que ce pays s’adonne à la seule mission qui est la sienne et qui lui est assignée par l’Histoire venant d’où il vient, il est condamné à rester grand. La grandeur s’accompagne toujours d’humilité, de grande humilité. Pour moi, rien ne vaut le Mali, et il n’y a aucun sacrifice auquel je ne puis atteindre pour ce pays-là, et au demeurant ce n’est pas un grand bon sacrifice d’appeler un jeune frère… et je le ferai les jours à venir, dans le prolongement de ce que vous avez entrepris”. C’est en ces termes que le président IBK a apprécié la démarche du président de l’Ensemble pour le Mali, Dr. Bocari Tréta, d’aller vers les autres formations politiques.

Selon le président de la République, l’EPM est un outil essentiel pour la décrispation de la situation sociopolitique actuelle. Et d’ajouter qu’il faut nécessairement renforcer les acquis.

Cette nouvelle volonté du président risque de mettre en cause le décret et l’arrêté portant création et convocation du cadre de concertation nationale du 17 janvier. Toutefois, si elle venait à être une réalité, contribuera à l’atteinte des objectifs de décrispation de la situation politique puisque certains acteurs politiques de la société civile ont violemment critiqué le décret du PM.

Ils ont aussi soulevé certains griefs de fond et de forme contre sa démarche qu’ils jugent unilatérale. Il s’agit, pour eux, de l’absence du caractère inclusif, mais également de la prime à la transhumance accordée à certains partis, notamment celui du Premier ministre par l’arrêté de convocation du ministre de l’Administration territoriale.

L’arrêté convoquant le cadre de concertation ferait la part belle à l’Asma en le classant devant les partis comme la Codem sans aucun critère objectif. Cette tentative d’accorder des dividendes politiques à la transhumance des élus sachant pertinemment qu’elle n’a aucune valeur juridique encore moins économique (financement public des partis) n’a pas été du goût de plusieurs formations et regroupements politiques qui ont annoncé leur intention de boycotter les travaux. Des acteurs estiment que SBM étale donc son agenda incompatible avec celui du chef de l’Etat.

C’est pourquoi l’Ensemble pour le Mali, qui n’a pas digéré cette reconfiguration arbitraire de l’échiquier politique, aurait obtenu du chef de l’Etat la reprise intégrale et sans condition du décret de création du 14 janvier pris par le Premier ministre et de l’arrêté fixant la composition du cadre de concertation pris le 17 janvier par le ministre de l’Administration territoriale. Pour l’ensemble de la classe politique, les seuls critères de convocation doivent être le résultat des élections législatives de 2013 et les communales de 2016.

En tout cas, après le coup de fil du président de la République au chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé, IBK semble avoir fait sa religion que le PM serait dans l’incapacité de décrisper la situation politique. Sera-t-il instruit dans ce sillage à Soumeylou Boubèye Maïga de reprendre le décret et l’arrêté portant respectivement création et convocation du cadre de concertation nationale ?

A suivre !

Bréhima Sogoba

Source: L’Indicateur du Renouveau

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