«Épidémie» de grèves au Mali : À quand la conférence sociale promise par le PM ?

Le début de cette année 2019 est la suite logique de la fin de l’année 2018 en termes de grèves.  Pas de répit pour le Gouvernement. La conférence sociale promise par le Premier Ministre en octobre 2018 pour le début de cette année est vivement souhaitée.

Les grèves se suivent et se ressemblent. Toutes mettent les secteurs concernés dans une  crise sans nom. Les plus en vue depuis le début de cette année sont sans nul doute celles les enseignants. Après deux grèves, ils viennent de déposer un nouveau préavis sur la table de la Ministre de la Fonction Publique. La bonne Dame, Racky Talla, semble dépassée par les évènements. Les quelques négociations enclenchées jusque là n’ont pu porter aucun résultat escompté. Bilan: la suite logique de tout préavis depuis bientôt une année est une grève inévitable.

Mais la grève qui a le plus secoué le pays est celle de la plus grande centrale syndicale, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) dirigée par Yacouba Katilé. Une grève de 72 heures qui a paralysé toute l’Administration et même le secteur privé ; car, les institutions bancaires ont en majorité suivi le mot d’ordre de grève. Une grève qui, selon le Secrétaire Général de l’UNTM, avait été suivie par 95% de ses membres.

À peine cette grève de 72 heures terminée que l’UNTM avait encore introduit un nouveau préavis pour cette fois-ci une semaine. En haut lieu, il aurait été demandé au Premier Ministre et à son Gouvernement de tout mettre en œuvre pour que cette grève n’ait pas lieu. Les conséquences de la dernière sont encore fraîches dans les mémoires à Koulouba. Et, depuis une semaine, les pourparlers ont débuté. Mais, selon une source proche de l’UNTM, le Gouvernement fait tout pour éviter la grève, mais ne  fait pas de concessions nécessaires sur les points de revendications majeurs de la centrale syndicale. Le fait d’avoir l’oreille du Gouvernement tout une semaine pour discuter est déjà une prouesse de la part de l’UNTM quand on sait l’arrogance et le mépris qu’il a vis-à-vis d’autres préavis de grèves.  Ce respect pour l’UNTM, Katilé l’avait prédit lors de la grève des 72 heures en ces termes : «La prochaine fois, ils vont nous prendre plus au sérieux».

Quid de la conférence sociale?

Pour parer à ce qui s’assimile à une « épidémie » de grèves au Mali, le Premier Ministre avait promis en octobre 2018 au plus fort de la grève des 100 jours des Magistrats la tenue en début 2019 d’une conférence sociale. Laquelle conférence aurait pour objectif majeur de réunir l’ensemble des corporations pour discuter des revendications et trouver ensemble des solutions conformément aux capacités de l’État.  Cette annonce avait suscité en son temps beaucoup d’espoir notamment auprès des citoyens qui sont les premières victimes de ces grèves à répétitions. Mais, le mois de janvier s’achève, les grèves ont cours, des préavis sont sur la table de différents Ministres et la conférence sociale se fait toujours attendre. Est-ce une priorité ? On peut en douter quand on voit l’empressement avec lequel le Gouvernement a mis en place le Comité pour la révision constitutionnelle. À quoi sert une bonne Constitution si le front social est en ébullition ? Le sens des priorités n’est certainement pas la chose la mieux partagée au sein de ce Gouvernement Soumeylou II.

Où est-ce la peur de l’échec qui fait faire marche arrière au Premier Ministre ? En tout cas, Yacouba Katilé a déjà prévenu que l’UNTM ne participera pas à cette conférence sociale. Car, il estime que ce serait une occasion pour le Gouvernement de remettre en cause les Accords déjà signés avec des partenaires sociaux alors que l’heure doit plutôt être à l’application de ces Accords et non l’inverse. Une conférence sociale sans l’UNTM est un fiasco.

Que ce soit l’un ou l’autre, le Premier Ministre, très actif sur le réseau social « tweeter » comme l’est un certain Donald Trump, gagnerait à communiquer sur la tenue ou pas de cette conférence sociale afin que les uns et les autres soient situés une bonne fois pour toutes.

Mais déjà force est de reconnaître que se dédire ne serait pas une première ni un crime de conscience avec ce Régime.

Mohamed Sangoulé DAGNOKO

LE COMBAT

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