Convergence des forces patriotiques : Contre qui ?

L’étonnement est philosophique mais les esprits censés réfléchir peuvent nous donner peut être des explications logiques et politiques à ce nouveau phénomène de plus en plus grandissant au Mali : la naissance ça et là des nouvelles formes de défenseurs.

 Que de slogans, des coalitions, des mouvements et convergences qui pondent du jour au lendemain après l’élection présidentielle qui a vu la victoire ‘’contestée’’ du président IBK ! Avec cette flopée de mouvements, de fronts, de coalitions et convergences, c’est l’existence même de la nation qui est en jeu. Les vrais auteurs de cette déstabilisation en gestation ne sont autres que les hommes politiques et candidats malheureux et mécontents issus des urnes déjà oubliées. La meilleure manière de sauver la nation est de la maintenir unie et stable.

Apres le Front pour la sauvegarde de la démocratie, c’est la Convergence des forces patriotiques pour sauver la patrie qui vient de voir le jour avec presque les mêmes acteurs que le premier. Son objectif, selon ses responsables, est de regrouper tous les patriotes autour d’un même idéal pour défendre la démocratie. Peut-on dire une démocratie menacée par les démocrates. Mais deux questions deviennent de facto inévitables : défendre la patrie et la démocratie contre qui ? Y a-t-il un ennemi imaginaire ou réel au-delà des terroristes qui sèment le désordre et le chaos au nord et au centre du pays ?

Comme la dernière fois, leur slogan est inquiétant, cette fois un peu plus inquiétant compte tenu de sa teneur et des acteurs de premier plan qui se sont affichés (Soumaïla Cissé, Choguel K. Maïga, Me Mohamed Aly Bathily, Me Mountaga Tall, Moussa Sinko Coulibaly) lors de la conférence de presse qui a permis d’officialiser cette Convergence. Evitons les leçons de politique ou de philosophie passant à l’essentiel. “Il n’y a pas de démocratie sans vrai contre-pouvoir. L’intellectuel en est un, et de première grandeur”, affirmait Pierre Bourdieu), mais quand le contre-pouvoir (l’opposition) devient lui-même une véritable menace pour l’existence de la République à cause de ses intérêts, la démocratie peut prendre une nouvelle définition. Dans une démocratie normale, les contre-pouvoirs sont nécessaires afin de mettre en place un espace de discussion sans lequel tout pouvoir risque de devenir arbitraire.

L’intellectuel, par son autorité morale et ses compétences, joue ce rôle : faire entendre une voix qui dénonce les dérives ou les abus du pouvoir, qui alerte l’opinion publique, qui argumente et réfute. Mais ce contre-pouvoir pose des jalons qui, à la longue, peuvent provoquer un soulèvement populaire sans raison valable. Donc, il y a lieu de faire appel à la raison et la conscience patriotique car comme disait Cornelius Castoriadis, “la démocratie est le régime de la réflexivité collective et de la liberté autolimitée”.

 

Boncane Maiga.

Source:  Le Point

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