Des blindés français de l’opération Barkhane ont été visés ce dimanche par un véhicule qui s’est fait exploser, faisant 4 blessés chez les militaires français, ainsi qu’au moins 2 morts et 20 blessés parmi les civils. Au même moment, l’Union africaine organisait un sommet en Mauritanie, auquel participe Emmanuel Macron.
Quatre soldats français de l’opération Barkhane ont été blessés, ce dimanche, dans une attaque «terroriste» dans la région de Gao au Mali, qui a fait au moins deux morts et une vingtaine de blessés parmi les civils, en plein sommet de l’Union africaine (UA) en Mauritanie voisine, qui doit également se pencher sur les questions sécuritaires.
Il y a eu «quatre blessés chez Barkhane» et au moins deux morts et une vingtaine de blessés chez les civils, a indiqué l’état-major à l’AFP. Selon les autorités maliennes citant un bilan provisoire de source hospitalière, cet attentat a fait quatre morts et 23 blessés parmi des civils. La ministre française des Armées, Florence Parly, a déclaré dans un tweet que «le terrorisme a encore lâchement frappé au Mali». «Des civils ont perdu la vie et des militaires français sont blessés. Mes pensées vont aux victimes et à leurs proches. Je souhaite un prompt rétablissement à nos soldats. Notre détermination ne faiblit pas».
«Des militaires français de la force Barkhane (4.000 hommes, NDLR) sont tombés ce dimanche dans une embuscade tendue par des terroristes à la sortie qui mène vers la localité de Bourem», avait déclaré auparavant une source militaire occidentale. Une source militaire malienne a confirmé cette information. À Paris, l’armée française a assuré qu’aucun soldat français n’avait été tué dans cette attaque. «Il n’y a pas de mort parmi les soldats français», a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’état-major français des armées, le colonel Patrik Steiger.
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«À 10h50 heure locale, 12h50 heure de Paris, des VBCI (véhicules blindés de combat d’infanterie) de la force Barkhane patrouillaient à Gao (centre-nord du Mali). Une explosion d’origine indéterminée a eu lieu et a causé un grand nombre de victimes civiles, dont des enfants. Les soldats de Barkhane qui étaient sur place sont tous de retour sur notre base de Gao», a-t-il déclaré, en refusant de préciser si des soldats français avaient été blessés ou non dans l’explosion.
«C’est une patrouille de l’opération Barkhane qui a été visée par une voiture piégée conduite par un kamikaze (…) de Gao», a déclaré de son côté une habitante de Gao. «Très vigilant, un blindé lui a barré la voie et le véhicule kamikaze s’est fait exploser», a déclaré Fatouma Wangara, ajoutant que des hélicoptères de la force Barkhane survolaient le ciel au-dessus de Gao. «Le véhicule bourré d’explosifs a fait beaucoup de dégâts», selon une source hospitalière à Gao, principale ville du nord du Mali. «Le périmètre de l’attaque a été complètement bouclé par les militaires français», a indiqué de son côté un jeune habitant de Gao.
D’autre part, un véhicule du Mouvement pour le salut de l’Azawad, (MSA, issu de l’ex-rébellion à dominante touareg) «a sauté sur une mine (dimanche) dans le village de Talataye (nord du Mali). Le bilan est de quatre morts et trois blessés», a écrit le MSA sur sa page Facebook. Présents sur la frontière entre le Mali et le Niger, le GATIA (Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés, pro-Bamako) et le MSA participent à des opérations de sécurisation aux côtés de la force Barkhane et de l’armée malienne. Ces attaques soulignent la situation sécuritaire fragile qui prévaut au Mali qui se prépare pour une élection présidentielle le 29 juillet.
En plein sommet de l’UA
Elle survient alors que le sommet de l’UA est entré dans le vif des débats, ce dimanche, à Nouakchott, deux jours après un attentat suicide perpétré vendredi à Sévaré, dans le centre du Mali, contre le QG de la force conjointe du G5 Sahel lancée en 2017. Le président français Emmanuel Macron doit rencontrer lundi à Nouakchott, en marge du sommet de l’UA, ses homologues du G5 Sahel, une organisation régionale regroupant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.
En fin de sommet, Emmanuel Macron discutera avec ses homologues du G5 Sahel de la lente montée en puissance de la force conjointe mise en place par cette organisation régionale pour lutter contre les djihadistes. La France, qui conduit dans la région l’opération Barkhane, soutient ce projet, y voyant un possible modèle de prise en main par les Etats africains de leur propre sécurité. Mais sa mise en œuvre est pour l’instant marquée par les problèmes de financement et les accusations de violations des droits de l’homme par les troupes de la force conjointe, basée au Mali.
«Failles» dans la sécurité
Pour le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, l’attentat perpétré vendredi contre le QG de la force du G5 Sahel démontre qu’il «y a encore énormément de failles» dans la sécurité qui doivent être «corrigées». L’attaque, qui avait fait trois morts, dont deux militaires de la force du G5 Sahel, «touche le cœur de notre système de sécurité, l’état-major (de la force conjointe du G5 Sahel) installé (à Sévaré). C’est un message envoyé par les terroristes en ce moment précis, moment où nous nous organisons pour stabiliser, sécuriser notre région».
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a revendiqué l’attentat de Sévaré. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013 d’une intervention militaire française. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et internationales, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, dont l’application accumule les retards.
Source: lefigaro